BILDER FRÅN LEKSTUGAN / JEUX DE TOURNAGE de Stig Björkman
HON DANSADE EN SOMMAR / ELLE N’A DANSE QU’UN SEUL ETE d’Arne Mattsson
BARNVAGNEN / LE PECHE SUEDOIS de Bo Widerberg
SOMMAREN MED MONIKA / UN ETE AVEC MONIKA d’Ingmar Bergman

La Suédoise vue par le cinéma

Elle n’a dansé qu’un seul été (1951) est le film qui a donné sur un plan international un visage au Péché suédois. Le public du monde entier voulait voir les jeunes Suédois – les deux comédiens n’avaient que 17 et 19 ans au moment du tournage – se baigner nus au clair de lune et faire l’amour sur la plage.

L’image de la Suède allait en être radicalement changée. Ce mélodrame, à la construction plutôt simple, est l’un des films suédois les plus vus de tous les temps.

Le film dépeint une société hypocrite. Göran (interprété par Folke Sundquist), un étudiant de Stockholm, rencontre lors d’un séjour à la campagne un pasteur qui met en garde son auditoire contre le châtiment de Dieu qui s’abattra sur ceux qui osent danser.
Mais le pasteur peut toujours sermonner. Dans le film, ce qui marquera le public, ce sont les seins courageusement dénudés d’Ulla Jacobsson. Ce sont ces images qui donnèrent à la Suède sa réputation de paradis érotique.

Dans le cinéma de l’époque, les relations sexuelles avant le mariage ne menaient qu’aux grossesses non souhaitées et aux catastrophes, comme dans le film de George Stevens sorti la même année : Une place au soleil. Dans Elle n’a dansé qu’un seul été, le sexe est un jeu auquel on peut se livrer dans la nuit claire de l’été suédois sans en éprouver aucun remords le lendemain et il apparaît ici comme une chose naturelle et enfin libérée de toute culpabilité. Kerstin, l’héroïne, a quelque chose d’angélique. On en venait à envier les Suédois.

Un été avec Monika, d’Ingmar Bergman (1953), dans lequel Harriet Andersson et Lars Ekborg fuient leur triste quotidien à bord d’un voilier, est également un film qui lie été suédois, nature et érotisme. Le couple d’Un été avec Monika a le même âge que celui d’Elle n’a dansé qu’un seul été. Mais le public contemple ici une femme plus déterminée. C’est Monika qui prend les initiatives, que ce soit pour faire l’amour ou pour voler des pommes. Harry, le jeune garçon sur qui elle jette son dévolu, n’a guère sa force de caractère.

Le film de Bergman évolue rapidement en un assez sombre portrait de femme. Vers la fin du film, Monika se lasse d’Harry et des responsabilités que sa vie avec lui impliquent. Cependant, les dernières images du film suggèrent que l’égocentrisme sans bornes de Monika a quelque chose d’attirant. Monika n’est jamais satisfaite. Harry admire ce trait de caractère, et face au charisme si pleinement sensuel que dégage Harriet Andersson, le public le comprend. Sur la célèbre image où on la voit s’étendre au soleil, les yeux fermés – cette même image que les garçons volent dans une scène des Quatre Cents Coups de Truffaut (1959) –, elle ressemble à une déesse.

Beaucoup de choses ont changé dans la société suédoise au cours des neuf ans qui séparent Monika et Barnvagnen (Le Péché suédois) de 1963. Barnvagnen est le premier long métrage du réalisateur Bo Widerberg, qui fera plus tard Elvira Madigan, entre autres. L’économie va mieux en Suède. Les jeunes ne sont plus aussi désarmés, et contremaîtres et directeurs représentent moins une autorité effrayante.
On respire plus librement dans cette Suède-là. C’est une chose évidente dès le début du film lorsque Britt (interprétée par Inger Taube) préfère donner sa démission - d’une manière assez désinvolte - plutôt que de se disputer avec le contremaître.
Britt est déterminée, tout comme l’était Monika. Elle est plus entreprenante que les deux garçons auxquels elle s’intéresse : Björn (Thommy Berggren), un jeune garçon très complexé de la classe supérieure et Robban (Lars Passgård), un fils d’ouvrier pénible et paresseux.

L’avenir appartient à Britt, cela paraît clair. Dans les années 50, une femme était obligée d’être légèrement autodestructrice, comme l’était Monika, pour renoncer à la vie de famille. Dix ans plus tard, ce n’est plus un problème insurmontable que Britt décide de garder l’enfant sans vivre avec le père. Elle n’a pas besoin d’un mari.
Avec son insouciance, Britt est un peu idéalisée. Mais le film reste quand même un portrait magnifique de la femme suédoise moderne, qui se voit offrir des choix que ses sœurs dans Elle n’a dansé qu’un seul été et Un été avec Monika n’osaient même pas envisager.

Mårten Blomkvist
Traduction Maria Sjoberg

 
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